Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises de l’intérêt du mouvement et de l’équilibre dans les troubles du développement. C’est un sujet important qui malheureusement n’est pas assez pris en compte par les professionnels et parfois même dans certaines écoles spécialisées pour les enfants avec troubles de concentration (TDA, TDAH) ou troubles du langage, de lecture, d’écriture, et qui suppriment les heures de récré pourtant indispensables pour le cerveau des enfants.
L’équilibre, le cervelet et les troubles d’attention
Le trouble de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDA / TDAH) est un trouble neurodéveloppementale de plus en plus fréquemment diagnostiqué caractérisée par un niveau d’inattention qui peut être accompagné d’hyperactivité ou impulsivité inappropriée à l’âge. Outre un certain nombre de comorbidités psychiatriques, le TDAH est lié à la présence fréquente de déficiences motrices, y compris la motricité fine et globale. Plusieurs études ont identifié des déficits d’équilibre chez les enfants et les adultes atteints de TDAH. Le maintien de l’équilibre dans des conditions statiques et dynamiques représente une fonction motrice cruciale et est requis pour le développement et l’exécution d’un grand nombre de capacités motrices plus complexes.
L’équilibre, notamment sa partie dynamique, est important dans la vie courante car il permet de réaliser des activités en mouvement, et tout dysfonctionnement augmente les risques de blessures. Ceci est en effet pertinent dans le TDAH, qui est associé à un risque élevé de blessures.
Plusieurs études ont déjà étudié l’équilibre dynamique chez les personnes atteintes de TDAH. Les chercheurs ont trouvé des troubles d’équilibre statiques et dynamiques avec des capacités de contrôle posturale plus faible et un traitement de l’information visuel et vestibulaire altéré.
La gestion de l’équilibre est fonction d’une coordination des systèmes visuel, vestibulaire, proprioceptif, musculo-squelettique et du système nerveux central. Le cervelet joue un rôle intégrateur essentiel dans la gestion de l’équilibre.
Or plusieurs études ont bien découvert des anomalies du cervelet notamment au niveau du vermis chez les personnes atteintes de TDAH. Mais ce qui est important à comprendre c’est qu’outre le rôle dans l’équilibre et d’autres fonctions motrices, le cervelet est impliqué dans la régulation de l’attention et d’autres fonctions cognitives. Des études ont aussi montré la corrélation entre les troubles d’équilibre et les troubles cognitifs et le dysfonctionnement cérébelleux.
Il est donc important que le fonctionnement du cervelet mais aussi des autres systèmes (visuel, vestibulaire, proprioceptif,…) fasse partie intégrante de l’analyse de l’enfant ou de l’adulte avec les troubles de l’attention mais aussi de son traitement.
C’est ce qui fait la spécificité du programme Cerebrostim qui permet d’une part d’analyser ces systèmes mais aussi de proposer une rééducation spécifique selon les systèmes atteints chez l’enfant ou l’adulte avec TDA ou TDAH et de ne pas se focaliser sur un seul système comme c’est souvent le cas. C’est la coordination et la synchronisation de tous ces systèmes qui est important et non pas stimuler un système en particulier !
Le mouvement, l’exercice, le cervelet et les troubles d’attention
Et comme nous en avons déjà parlé sur ce blog, les exercices physiques ont un rôle important dans la concentration mais aussi les capacités cognitives. Et ceci est très probablement dû à l’activation des réseaux cérébelleux grâce à l’information reçues par le cervelet lors d’exercices. Cette année encore plusieurs études ont mis en évidence le lien entre l’exercice et les capacités cognitives :
Une étude de l’université de l’Université du Delaware parue en May 2021 suggère que l’exercice peut stimuler l’acquisition du vocabulaire des enfants. Dans cette étude, les enfants âgés de 6 à 12 ans ont appris de nouveaux mots avant de faire l’une des trois choses suivantes : nager, participer à des exercices de CrossFit ou remplir une feuille de coloriage. Les enfants qui ont nagé étaient 13% plus précis dans les tests sur des mots de vocabulaire. Dans leur conclusions, les chercheurs disent : ces résultats suggèrent que les avantages précédemment identifiés de l’exercice sur les capacités de langage chez les adultes s’étendent également aux enfants d’âge scolaire. Cependant, tous les types d’activité physique ne conduisent pas à cette amélioration des performances, car seuls les exercices aérobies comme la natation (mais pas anaérobies comme cross-fit) améliorent la capacité des enfants à acquérir de nouvelles relations mot-objet.
Une autre étude parue en juin 2021 visait à examiner si l’effet de l’exercice aérobie sur le contrôle inhibiteur des enfants atteints de trouble de déficit d’attention / hyperactivité (TDAH) est modéré par l’intensité de l’exercice. Prenant en compte que de nombreuses études ont déjà montré que l’exercice avait un effet bénéfique sur le contrôle inhibiteur et les fonctions exécutives chez les enfants, les chercheurs ont voulu savoir si ces exercices devaient être d’intensité faible, modérée ou vigoureuse. Grâce à des examens d’EEG (électroencéphalogramme) et des tests d’entrainement sur tapis de course, les chercheurs ont trouvé que les enfants atteints de TDAH ont un meilleur contrôle inhibiteur après des exercices d’intensité faible et modérée par rapport à des exercices d’aérobie vigoureux, qui pourraient être caractérisés par un état optimal d’excitation corticale.
Une autre étude d’envergure (revue systématique et méta-analyse) qui a analysé les études publiées sur le sujet d’exercice et de fonctions exécutives chez les personnes atteints de TDAH est parue en Mai 2021. Les chercheurs ont trouvé que l’exercice améliore les fonctions exécutives globales des enfants et des adolescents atteints de TDAH. Les exercices ont eu un effet positif modéré à important sur le contrôle inhibiteur et la flexibilité cognitive. Ils concluent que “des séances chroniques d’exercices d’intensités modérées devraient être intégrées au traitement des enfants atteints de TDAH afin de promouvoir les fonctions exécutives.
La méthode Cerebrostim : améliorer la fonction cérébelleuse et cérébrale
En tant que chiropracteur et diplômé en neurologie chiropratique, l’objectif principal de la méthode Cerebrostim est d’augmenter la proprioception venant des articulations. La majeure partie des informations venant du corps vers le cervelet viennent des articulations. Or les blocages et les irritations nerveuses perturbent ces informations venant des articulations et des récepteurs nerveux et les corriger constitue une part essentielle du programme pour aider les enfants atteints de troubles du développement. Même si in fine, cela ne constitue que 15-20% du programme Cerebrostim. L’examen détaillé des différents systèmes (vestibulaires, oculomoteurs,…) permet de déceler les faiblesses fonctionnelles chez ces enfants pour mettre en place un programme de rééducation adaptée et spécifique à l’enfant qui va englober les systèmes défaillants tout en considérant tout ce qui peut avoir une influence sur le fonctionnement du système nerveux notamment l’alimentation et les exercices personnels.
Que faire en pratique pour aider son enfant
Comme nous venons de le voir faire de l’exercice peut avoir un impact d’abord temporaire (mais aussi sur le long terme) sur la capacité de l’enfant à améliorer la fonction inhibitrice et ses fonctions exécutives et donc de mieux se concentrer. Profitez-en pour mettre en place un programme d’exercice d’une dizaines de minutes AVANT de faire les devoirs. En effet après le retour de l’école et un goûter approprié (comprenant du bon gras tel qu’amandes, noix, noisettes et pas que du sucré !), mettez en place quelques minutes d’exercices de gymnastique et d’équilibre. Vous pouvez varier les exercices en trouvant chaque jour des exercices de gymnastique faciles sur internet et en rajoutant des exercices d’équilibre (comme par exemple de marcher sur des coussins et attraper une balle au vol, tenir sur une jambe et toucher son nez avec son doigt,…). Contrairement à ce que certains peuvent penser, vous allez ainsi gagner du temps pour pouvoir faire encore plus rapidement les devoirs ! Si les devoirs traînent, recommencez après 45 minutes en faisant une pause active en refaisant quelques minutes d’exercices. Si vous pouvez, mettez aussi en place ce même programme le matin avant d’aller à l’école !
Références :
- Pruitt M, Morini G. Examining the Role of Physical Activity on Word Learning in School-Aged Children. Journal of Speech, Language, and Hearing Research. 2021;64(5):1712-1725
- Tsai YJ, Hsieh SS, Huang CJ, Hung TM. Dose-Response Effects of Acute Aerobic Exercise Intensity on Inhibitory Control in Children With Attention Deficit/Hyperactivity Disorder. Front Hum Neurosci. 2021;15:617596. Published 2021 Jun 18. doi:10.3389/fnhum.2021.617596
- Goetz M, Schwabova JP, Hlavka Z, Ptacek R, Surman CB. Dynamic balance in children with attention-deficit hyperactivity disorder and its relationship with cognitive functions and cerebellum. Neuropsychiatr Dis Treat. 2017 Mar 21;13:873-880.
- Liang X, Li R, Wong SHS, Sum RKW, Sit CHP. The impact of exercise interventions concerning executive functions of children and adolescents with attention-deficit/hyperactive disorder: a systematic review and meta-analysis. Int J Behav Nutr Phys Act. 2021 May 22;18(1):68.