TDAH et Neurostimulation cérébrale non invasive

TDAH et stimulation cérébrale non invasive

 

Le TDAH (Troubles de déficit d’attention et d’hyperactivité) est l’un des troubles infantiles les plus invalidants et les plus répandus avec une prévalence mondiale de 7 %, selon les estimations de 2015.

Il se caractérise par la présence d’un schéma persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui affecte ou réduit profondément la qualité d’accomplissements sociaux, scolaires et professionnels. Ces symptômes sont présents avant l’âge de 12 ans, mais ils persistent souvent jusqu’à l’âge adulte. Les modèles reconnus du TDAH se concentrent principalement sur un déficit du contrôle inhibiteur qui conduit à des dysfonctionnements exécutifs, associés à une altération neurale des zones préfrontales, du striatum et du cervelet.

La prise en charge médicamenteuse a longtemps été le traitement de référence, et elle reposait principalement sur l’administration d’un stimulant (méthylphénidate) et d’un inhibiteur non stimulant de la recapture de la noradrénaline. Les deux agents augmentent la dopamine et la noradrénaline dans le cortex préfrontal via des mécanismes différents, mais ils produisent des effets thérapeutiques similaires. Cependant, ils peuvent être problématiques pour certaines personnes dont les conditions comorbides peuvent être aggravées par ces traitements stimulants.

Dans le même temps, une méta-analyse en 2015 a montré que les thérapies comportementales et cognitives seuls ont une efficacité clinique limitée et des effets de transfert limités au-delà des processus neuropsychologiques spécifiques ciblés. D’où l’intérêt pour des alternatives de traitement non médicamenteuses par le biais de la stimulation cérébrale non-invasive. Des informations importantes pour l’utilisation de la stimulation cérébrale non-invasive dans le traitement des symptômes du TDAH proviennent d’études montrant que l’excitabilité corticale chez les enfants atteints de TDAH est anormale, en raison d’une réduction de l’inhibition motrice, et d’études démontrant que les deux classes de médicaments contre le TDAH agissent en modifiant l’excitabilité corticale.

Ainsi, compte tenu de la possibilité d’affecter l’excitabilité corticale de manière non invasive, la stimulation cérébrale peut être proposée comme une alternative efficace à l’utilisation de ces médicaments. Il a été notamment proposé que les déficits comportementaux dans le TDAH peuvent être liés soit à des processus inhibiteurs défectueux, entraînant une défaillance du contrôle exécutif, un comportement impulsif et une hyperactivité (modèle basé sur l’inhibition), soit à une altération du traitement de la motivation et des récompenses (modèle de dysfonctionnement motivational). Selon ces modèles, le cortex préfrontal dorsolatéral devrait être la principale région impliquée dans les déficits inhibiteurs, tandis que le cortex orbitofrontal devrait être plus étroitement impliqué dans le dysfonctionnement motivationnel. Ces zones ont été la cible de la plupart des tentatives d’utilisation de la stimulation magnétique transcrânienne ou de la stimulation transcrânienne à courant direct dans le TDAH.

Stimulation transcrânienne à courant direct (tdcs) pour le TDAH

 

À ce jour, huit études ont appliqué la tDCS chez des enfants et des adolescents atteints de TDAH : cinq essais randomisés, à double aveugle et contrôlés par simulation (2014 ; 2015 ; 2017 ; 2017 ; 2017), deux essais randomisés, à simple insu et contrôlés par simulation (2015 ; 2016) et un essai non contrôlé, essai ouvert apparié (2016). Les études ont principalement porté sur la consolidation de la mémoire, la mémoire de travail et le contrôle inhibiteur en ciblant le cortex préfrontal dorsolatéral avec différents protocoles tDCS.

tDCS à oscillation lente et mémoire et fonctions exécutives

Deux études en 2014 et 2015 ont analysé l’effet de la stimulation tdcs à oscillation lente sur les enfants TDAH et ce pendant leur sommeil non paradoxal. Les résultats ont montré une augmentation de l’activité d’oscillation lente dans le cerveau qui correspond à une amélioration de la mémoire déclarative ainsi qu’un effet positif sur les fonctions exécutives liées à l’inhibition motrice.

tDCS et stimulation du cortex préfrontal dorsolatéral

Une étude pilote en 2016 a exploré les effets de la stimulation par tdcs sur le cortex préfrontal dorsolatéral de neuf enfants et adolescents. Une amélioration de l’attention visuelle et du contrôle inhibiteur après tDCS a été observée. Les parents ont également noté des améliorations dans le comportement des enfants.

Une autre étude en 2017 (randomisée, double aveugle) a évalué les effets de la tDCS sur le cortex préfrontal dorsolatéral sur la mémoire de travail et sur l’évolution clinique du TDAH (inattention, hyperactivité et impulsivité) chez 15 adolescents. De plus, les performances de la mémoire de travail et les rapports des parents sur la gravité des symptômes du TDAH ont également été évalués au départ, au cinquième jour de stimulation et une semaine après la fin de la stimulation. Tous les participants ont terminé l’étude et le protocole a été bien toléré. La tDCS, a entraîné une amélioration des symptômes du TDAH par rapport au groupe témoin. En particulier, une diminution durable de l’inattention et de l’hyperactivité a été constatée 7 jours après la fin du traitement, sans effet significatif sur l’impulsivité.

Dans une autre étude en 2017, les auteurs ont également rapporté les résultats de l’enregistrement lors d’IRM fonctionnelle lors d’une séance de tdcs sur le cortex préfrontal dorsolatéral. Comparé au group témoin, la stimulation tDCS induit une plus grande activation non seulement dans la zone sous l’électrode, à savoir le cortex préfrontal dorsolatéral, mais également dans le PMC ipsilatéral, le SMA et le précuneus, suggérant ainsi que la stimulation tDCS est susceptible d’influencer l’ensemble du réseau neuronal associé aux performances de la mémoire de travail.

tdcs et stimulation du cortex préfrontal

Une étude en 2015 sur vingt adolescents sur la stimulation par tdcs sur le cortex préfrontal a montré une amélioration dans le contrôle inhibiteur ainsi que dans la précision des réponses. 

Une autre étude croisée randomisée, en double aveugle et contrôlée en 2017, visait à étudier les effets du tDCS sur le cortex préfrontal dorsolatéral et du cortex orbitofrontal sur un large éventail de domaines de la fonction exécutive, y compris le contrôle inhibiteur, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive. Dans les différentes expériences, la stimulation par tdcs a amélioré le contrôle des interférences, la mémoire de travail, le contrôle inhibiteur et la flexibilité cognitive. 

En conclusion :

Même si les études citées ne permettent pas de conclure à l’efficacité de la neurostimulation transcrânienne pour tous les problèmes et symptômes de TDAH; elles ont pu démontrer d’une part que cette stimulation était sans danger et effets secondaires notables et que d’autre part, elle peut avoir des effets bénéfiques sur le fonctionnement de certaines zones impliquées dans le TDAh et certains symptômes de la maladie notamment la mémoire et la capacité d’inhibition.

Références :

Finisguerra A, Borgatti R, Urgesi C. Non-invasive Brain Stimulation for the Rehabilitation of Children and Adolescents With Neurodevelopmental Disorders: A Systematic Review. Front Psychol. 2019 Feb 6;10:135.

Cervelet et cognition