TDAH déficit d’attention et troubles du sommeil

Le lien entre le TDAH et troubles du sommeil

L’alpha et l’oméga du TDAH

Le TDAH ou les troubles du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité touche aux Etats-Unis 8,4% des enfants et 2,5% des adultes. Beaucoup d’autres vivent probablement avec des traits de TDAH, aux prises avec des troubles comme l’inattention et l’impulsivité, mais pas au degré d’un diagnostic.

Un des traits qu’on observe très régulièrement chez les personnes avec TDAH est le problème de sommeil. Les recherches suggèrent que pour de nombreuses personnes atteintes de TDAH, le sommeil pourrait très bien être l’Alpha et l’Oméga, un cercle vicieux – un obstacle associé à un rythme circadien différent de la norme et exacerbé par des nuits blanches.

“Le TDAH et la perte de sommeil ont une relation de renforcement mutuel”, explique le Dr Sandra Kooij, professeur au centre médical de l’université d’Amsterdam et spécialiste du TDAH chez l’adulte. Le rythme circadien est retardé chez environ 80% des personnes atteintes de TDAH. Ceci est associé à une sécrétion tardive de la mélatonine, une hormone du sommeil. Dans la population moyenne, cette hormone est secrété à partir de 21h30. Chez les personnes atteintes de TDAH, cela se produit vers 23 heures.

Cela peut expliquer pourquoi les personnes atteintes de TDAH se couchent si souvent tard; plus tard qu’elles ne le devraient pour leur santé. De nombreux troubles liés au sommeil sont aussi plus fréquents chez les personnes atteintes de TDAH; par rapport à la population générale; souffrant de troubles tels que le syndrome des jambes sans repos, l’apnée du sommeil et l’insomnie.

« Le TDAH et la perte de sommeil se conjuguent généralement et se renforcent mutuellement », dit le Dr Kooij. «La perte de sommeil a des conséquences qui ressemblent à des symptômes du TDAH: manque de concentration, mauvaise mémoire, irritabilité, envie de glucides et obésité.»

Des recherches récentes suggèrent que les personnes ayant des traits élevés de TDAH sont également particulièrement vulnérables aux effets négatifs de l’insomnie. Une étude publiée dans Biological Psychiatry a inclus 180 participants adultes sans diagnostic de TDAH, qui ont été divisés en un groupe autorisé à passer une nuit de sommeil normal ou à ne pas dormir du tout. Le lendemain, ils ont ensuite été testés sur des mesures de contrôle émotionnel et de contrôle exécutif (les processus mentaux qui permettent de se concentrer, de faire preuve de maîtrise de soi et de relever des défis imprévus).

Le but de l’étude était de répondre à deux questions. La première était la question de savoir pourquoi certaines personnes sont beaucoup plus touchées par la perte de sommeil que d’autres. Le second était de comprendre comment la régulation descendante fonctionne dans le cerveau et ce qui se passe lorsqu’elle ne fonctionne pas correctement.

Le Dr Petrovic, conférencier et médecin au Karolinska Institutet en Suède, explique que le TDAH est un exemple typique de régulation descendante dysfonctionnelle. Cela a à voir avec la façon dont le cerveau régule les fonctions. Les émotions ascendantes sont des réponses immédiates, tandis que les émotions descendantes sont davantage une réponse consciente. Les fonctions exécutives, à leur tour, sont une famille de processus mentaux descendants.

L’étude a révélé que, dans l’ensemble, le groupe privé de sommeil avait de moins bons résultats à ces tests, et en particulier les personnes ayant des traits élevés de TDAH. Ainsi, par exemple, si un individu qui a déjà des problèmes d’instabilité émotionnelle, ne dormait pas; il se débattait encore plus avec des tâches cognitives qui impliquent une régulation émotionnelle.

Pourquoi cela arrive-t-il ? 

Présenter des traits élevés de TDAH signifie que l’on a un problème avec des facteurs de régulation comme l’inattention et l’inhibition. Il existe une distribution normale de ces symptômes dans la population, mais pour avoir un diagnostic de TDAH, il faut «une perte fonctionnelle importante», explique le Dr Petrovic. Cela ne signifie pas que les symptômes ne peuvent pas vous causer de problèmes, mais cela signifie que vous n’êtes pas dans l’incapacité de mener une «vie normale».

Cependant, il y a des preuves ici que l’insomnie peut faire pencher la balance et que trop peu de sommeil pourrait éventuellement entraîner une situation clinique.

«Dans ce cas, il est possible que vous ne soyez pas classé comme patient lorsque vous avez un sommeil normal, mais que vous soyez classé comme patient si vous manquez de sommeil», explique le Dr Petrovic.

Cela revient essentiellement à avoir moins de marges de manœuvre. «Notre hypothèse était que si vous avez déjà une fonction sous-optimale dans la régulation descendante, vous serez également plus vulnérable aux situations extrêmes pour le cerveau, après le manque du sommeil», explique le Dr Petrovic.

Le vrai mystère, dit le Dr Kooij, est de savoir si ces problèmes de sommeil et de TDAH surviennent parce qu’ils découlent tous deux du même problème biologique. «Le TDAH est-il en fait un trouble du sommeil ? Ou est-ce que l’horloge biologique est derrière les deux problèmes ?».

Ces habitudes de sommeil sont observées tout au long de la vie, et elles peuvent avoir des conséquences sur la santé à vie, allant de l’obésité due à la perte de sommeil à des maladies chroniques comme l’hypertension et les maladies cardiovasculaires.

«Les personnes atteintes de TDAH sont physiquement décalées en raison du sommeil tardif, et je pense que cela peut être lié aux nombreuses plaintes physiques qu’elles ont», dit le Dr Kooij.

Les personnes atteintes de TDAH ou de TDAH qui luttent contre le sommeil devraient envisager deux solutions possibles: une bonne hygiène du sommeil et la chronothérapie.

La chronothérapie, explique le Dr Kooij, consiste à prendre de la mélatonine le soir et une luminothérapie le matin. Le moment choisi est important, tout comme celui d’une bonne hygiène de sommeil. Ce n’est pas seulement dormir sept à huit heures par nuit. Il s’agit également de dormir pendant la bonne période, entre 23 heures et 7 heures du matin

L’hygiène du sommeil implique également de limiter l’utilisation de la lumière et des écrans la nuit. «Sortez votre smartphone et votre ordinateur de la chambre et procurez-vous un réveil à l’ancienne», dit Petrovic. «N’utilisez pas de smartphone et d’ordinateurs une à deux heures avant d’aller vous coucher.»

NDLR : Cet article traduit de la page Inverse montre bien un des problèmes auxquels sont souvent confrontés les personnes souffrant de TDAH, qu’il soient adultes ou enfants. Retrouvez un autre article sur le sujet du sommeil et fonctionnement du cerveau ainsi que le nombre d’heures nécessaires selon chaque âge sur notre page du cabinet de Chiropraxie. En effet ces soins peuvent aider naturellement à améliorer le sommeil.

 

En savoir plus sur la méthode Cerebrostim

Références :

  1. Orestis Floros, John Axelsson, Rita Almeida, Lars Tigerström, Mats Lekander, Tina Sundelin, Predrag Petrovic. Vulnerability in Executive Functions to Sleep Deprivation Is Predicted by Subclinical Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder Symptoms. Biological Psychiatry: Cognitive Neuroscience and Neuroimaging, 2020; DOI: 10.1016/j.bpsc.2020.09.019
  2. Bayard F, Nymberg Thunell C, Abé C, Almeida R, Banaschewski T, Barker G, Bokde ALW, Bromberg U, Büchel C, Quinlan EB, Desrivières S, Flor H, Frouin V, Garavan H, Gowland P, Heinz A, Ittermann B, Martinot JL, Martinot MP, Nees F, Orfanos DP, Paus T, Poustka L, Conrod P, Stringaris A, Struve M, Penttilä J, Kappel V, Grimmer Y, Fadai T, van Noort B, Smolka MN, Vetter NC, Walter H, Whelan R, Schumann G, Petrovic P; IMAGEN Consortium. Distinct brain structure and behavior related to ADHD and conduct disorder traits. Mol Psychiatry. 2020 Nov;25(11):3020-3033.