eye-tracking et traumatisme crânien léger chez les enfants

Traumatisme crânien léger chez les enfants et adolescents

Commotion cérébrale et un traumatisme crânien

Suite à un traumatisme crânien léger, vous pouvez avoir une lésion ou plusieurs lésions au niveau du cerveau. Les yeux et les mouvements oculaires peuvent être une fenêtre d’observation pour analyser le fonctionnement du cerveau.

Aujourd’hui à l’occasion d’une étude récente publiée par mon professeur en neurologie fonctionnelle, le Pr Frederick Carrick et son équipe, je vais surtout parler de l’opportunité d’analyser les mouvements des yeux pour déterminer le fonctionnement du cerveau. D’autant plus que l’outil utilisé pour faire cette étude est un des outils que l’on utilise dans notre cabinet et permet d’enregistrer et d’analyser les mouvements oculomoteurs que ce soit pour les traumatisés crâniens ou les troubles de développement du cerveau…

Ci-dessus : Un rapport de plusieurs tests oculomoteurs obtenu chez un patient militaire avec commotion cérébrale et plusieurs traumatisme crânien léger

Eye-tracking et tests oculomoteurs pour le traumatisme crânien léger

J’ai déjà parlé de l’intérêt de faire des tests oculomoteurs dans le cas d’une commotion cérébrale léger dans cet article.

L’étude parue dans le journal Frontiers in Behavioral Neuroscience, a voulu analyser si le fait d’analyser les mouvements des yeux peut être une bonne indication pour diagnostiquer un traumatisme crânien léger chez les enfants. Voici un résumé de l’article en question :

Quatre-vingt-dix pour cent des traumatismes crâniens sont classés comme légers. La définition de traumatismes crâniens légers par l’American Congress of Rehabilitation Medicine est : «un patient avec un traumatismes crâniens légers est une personne qui a subi une perturbation physiologique de la fonction cérébrale induite par un traumatisme, induit par l’un des éléments suivants: une perte de conscience, une perte de mémoire, toute altération de l’état mental et / ou des déficits neurologiques focaux. »

Les traumatismes crâniens pédiatriques sont courants. Aux États-Unis, les traumatismes crâniens légers surviennent chez 692 des 100 000 enfants de moins de 15 ans. L’identification de traumatismes crâniens légers chez les enfants et adolescents est différente que chez les adultes en raison des différences anatomiques et physiologiques liées à l’âge, du profil des blessures basé sur la capacité physique de l’enfant et des difficultés d’évaluation neurologique chez l’enfant. Or les commotions cérébrales sont souvent difficiles à diagnostiquer et donc à traiter. La plupart des symptômes sont relativement subjectifs et facilement attribués à d’autres conditions. Par conséquent, il est essentiel de s’appuyer sur des moyens établis de détection de traumatismes crâniens légers qui sont à la fois objectifs et fiables.
Un de ces moyens est l’analyse des mouvements des yeux (mouvements oculomoteurs). Dans le passé, la majeure partie de l’évaluation oculomotrice était réalisée de manière subjective par le clinicien (mouvement d’un stylo devant l’œil,…). Or ces mesures subjectives des mouvements oculaires peuvent ne pas détecter des déficits subtils, notamment chez l’enfant. Une méthode unique et puissante de mesure objective des mouvements oculaires peut être obtenue grâce à la technologie de suivi oculaire (eye-tracking). Le suivi oculaire peut être utilisé pour étudier la fonction neurologique, l’évaluation oculomotrice et peut détecter des anomalies dans les neurocircuits et cartographier le dysfonctionnement oculomoteur aux sites endommagés dans le cerveau.

Les mouvements des yeux et le fonctionnement du cerveau

L’évaluation oculomotrice peut inclure l’analyse des saccades, des poursuites, des fixations et du temps de réaction. Les saccades sont des mouvements oculaires courts et rapides entre des points fixes; les poursuites utilisent le suivi prédictif pour stabiliser les cibles en mouvement, les fixations sont des mouvements encore plus petits qui focalisent une image sur la fovéa, et le temps de réaction est le temps écoulé entre un stimulus sensoriel et la réponse à celui-ci. Chacun de ces différents mouvements oculaires active différentes parties du cerveau.

Pour résumer, plusieurs structures cérébrales différentes sont impliquées dans la régulation des saccades, notamment le tronc cérébral, le pons, le mésencéphale et le cortex cérébral. Dans le cas des mouvements de poursuite lente, il y a l’implication du tronc cérébral, du cervelet, du cortex frontal, du Pons,… La fixation implique un réseau de régions cérébrales, y compris le champ oculaire pariétal, le champ oculaire supplémentaire et le cortex préfrontal dorsolatéral… Pour finir, le temps de réaction est une mesure de l’attention mais aussi un marqueur des lésions du système nerveux central et de la neuropathologie, y compris de traumatisme crânien léger.

Les déficits oculomoteurs tels que les saccades, les poursuites, les fixations et le temps de réaction ont tous été liés aux traumatismes crâniens légers. Le but de cette étude était de comparer un score BHEQ (avec un appareil d’eye tracking) qui est un ensemble de mesures des saccades, des poursuites, des fixations et de temps de réaction chez des patients pédiatriques qui ont subi un traumatismes crâniens légers cliniquement diagnostiquée et des témoins de même âge.
En conclusion, les résultats de cette étude montrent que d’une part les mouvements oculomoteurs diffèrent entre les patients pédiatriques avec traumatismes crâniens légers et les témoins de même âge et que d’autre part le score BHEQ, qui combine les principales catégories de mouvements oculomoteurs, permet de différencier les patients pédiatriques atteints de traumatismes crâniens légers des enfants témoins, et pourrait être utilisé comme un marqueur dans le diagnostic d’un traumatisme crânien léger.

 

NDLR : nous sommes heureux que l’un des outils que nous utilisons depuis bientôt un an et demi dans le programme cerebrostim ait démontré son utilité pour aider dans l’appréhension des troubles liés à une commotion et dans l’aide qui pourra être apportée aux personnes souffrant de ces troubles, ainsi que des troubles neurologiques, musculosquelettiques et troubles du développement.

En savoir plus sur la méthode Cerebrostim

Références :

Melissa Hunfalvay, Nicholas P. Murray, Claire-Marie Roberts, Ankur Tyagi, Kyle William Barclay, Frederick Robert Carrick, Oculomotor Behavior as a Biomarker for Differentiating Pediatric Patients With Mild Traumatic Brain Injury and Age Matched Controls, Front. Behav. Neurosci., 12 November 2020