Est-ce que les filles pensent que les garçons sont plus intelligents ?

Je me rappelle qu’il y a quelques temps en parlant avec une petite nièce, elle m’a dit qu’elle n’aimait pas les maths. Lorsque je lui a demandé pourquoi, elle a répondu qu’elle n’était pas très douée pour ça.

Les filles de tous âges ont des préjugés internes sur leurs capacités et peuvent avoir une faible estime de soi plus souvent que les garçons du même âge. De récentes recherches semblent indiquer que les filles pensent que les garçons sont plus intelligents qu’ils ne le sont, et ce à partir de 6 ans.

Dans une étude publiée dans Journal of Science en 2017, les chercheurs ont confié diverses tâches à un groupe d’enfants âgés de 5 à 7 ans. Dans le cadre d’une tâche, ils ont raconté aux enfants l’histoire d’une «personne vraiment très intelligente». Lorsqu’on leur a demandé s’il s’agissait de la photo d’un homme ou d’une femme vêtu de façon professionnelle, les filles de 6 ans et plus étaient plus susceptibles de désigner la photo d’un homme. Dans une tâche connexe, les filles étaient plus susceptibles de fuir des jeux qui étaient supposés être destinés aux «enfants vraiment très intelligents». Les filles plus jeunes, âgées de moins de 6 ans, ne semblaient pas avoir ces préjugés, ont déclaré des chercheurs.

Dr Heather Pressley, qui supervise l’élaboration d’un programme de développement positif des jeunes basé sur l’activité physique destiné aux filles estime que les résultats de cette étude n’étaient pas surprenants. «C’est peut-être parce qu’à l’âge de 6 ans, la plupart des filles entrent à l’école et subissent l’influence des autres pouvant être biaisées inconsciemment. Les écoles, les enseignants, les parents et les autres élèves peuvent propager de manière non intentionnelle ces sentiments chez les filles. ”

Pressley suggère que les enseignants et les administrateurs analysent leur propre parti pris subconscient et d’accorder aux deux sexes la même exposition à différents sujets. Cela favoriserait la même confiance et la même compétence dans tous les domaines. En outre, elles devraient mettre les filles dans des programmes parascolaires qui ont un « état d’esprit de croissance » – montrant qu’il est possible de développer les talents et les forces, plutôt que de croire que vous êtes doué pour quelque chose ou pas – pour les aider à considèrer des matières comme les sciences ou les mathématiques, dit-elle.

Kristin Carruthers, une psychologue clinicienne qui pratique au Child Mind Institute et se spécialise dans le TDAH et les troubles du comportement, a le même sentiment.

Carruthers a déclaré que nous pourrions potentiellement changer cela en félicitant régulièrement les filles pour leur «intelligence». Parlez de leurs réalisations – aider à faire des calculs dans les tâches journalières  ou réussir un test de mathématiques – pour augmenter l’estime de soi et la confiance en soi. Une faible estime de soi à long terme pourrait influencer les choix des études supérieures et des carrières. Parce qu’elles pensent ne pas être intelligentes, certaines filles sont moins susceptibles de relever ce qu’elles perçoivent comme des défis.

Les femmes ont tendance à choisir des disciplines qui ne sont pas en sciences, en mathématiques ou en technologie, traditionnellement considérées comme des sujets «difficiles». Dans le rapport du National Student Clearinghouse Research Center, moins de 30% des femmes ont obtenu un diplôme en sciences et en génie en 2014, ce qui est intéressant, mais cela n’a changé que de 1% au cours de la dernière décennie.

Une faible estime de soi peut également être un facteur de risque pour d’autres problèmes tels que l’anxiété, la dépression, la prise de poids et les troubles de l’alimentation. Elle peut également toucher d’autres aspects de la vie et peut se traduire par des difficultés relationnelles.

Voici quelques actions qui pourraient être recommandées aux parents:

1. Dites à votre fille, à chaque occasion, qu’elle peut faire ce qu’elle veut tant qu’elle y réfléchit bien.

2. Traitez vos fils et vos filles de la même manière. Si vous demandez à votre fille de vous aider à faire la vaisselle, demandez à votre fils tout aussi souvent.

3. Soyez vigilant face aux médias à la maison, sur Internet, sur les tablettes et les téléphones. Si vous voyez une publicité ou une vidéo décrivant une femme dans un rôle stéréotypé, parlez-en à vos enfants. Utilisez-le comme un moment d’enseignement.

4. Si vous voyez un bon modèle, une femme, montrez-la et parlez-en à vos enfants. Cela pourrait être une star du tennis ou un PDG d’une entreprise, ou simplement le lycéen d’à côté qui est un étudiant avec les meilleurs résultats scolaires.

Plus important encore, soyez vous-même un bon modèle. Les enfants sont plus susceptibles de faire ce que nous faisons, pas ce que nous prêchons. Si une fille voit sa mère se critiquer elle-même, en particulier pour son apparence et son intelligence, elle est encouragée à faire de même.

Rappelez-vous que les mères doivent se célébrer et célébrer leurs réalisations. En faisant cela, cela aidera à apprendre à nos filles à le faire aussi et, espérons-le, à relever des défis parce qu’elles pensent en être dignes.

Traduit d’un article de Hansa Bhargava, éditrice médicale de WebMD

Références :
Gender stereotypes about intellectual ability emerge early and influence children’s interests. Lin Bian, Sarah-Jane Leslie, Andrei Cimpian. Science 27 Jan 2017: Vol. 355, Issue 6323, pp. 389-391