TDAH : moins d’écran et plus de sport pourraient aider

On en a parlé plusieurs fois sur ce blog : plusieurs études ont montré l’intérêt de faire des exercices et du sport pour la concentration et les troubles du comportement. Plusieurs études ont aussi fait un lien entre l’utilisation prolongée des écrans et le TDAH.

Une nouvelle étude d’envergure s’est intéressé à ce sujet. Voilà un résumé et la traduction de l’étude.

Cette étude basée sur l’analyse de plus de 2400 familles a montré que comparés aux enfants dont le temps d’écran est inférieure à 30 minutes par jour; les enfants exposés à plus de deux heures d’écran étaient cinq fois plus susceptibles de présenter des problèmes de comportement cliniquement significatifs tels que l’inattention – et sept fois plus susceptibles d’être inclus dans les critères retenus pour le diagnostic du trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention (TDAH).

Le professeur Piush Mandhane, agrégé de pédiatrie à la faculté de médecine de l’Université de l’Alberta, a déclaré mercredi dans un communiqué de presse : « Nous avons constaté que le temps passé devant un écran avait un impact significatif à cinq ans». « Les recommandations canadiennes actuelles ne prévoient pas plus de deux heures d’écran par jour à cet âge. Mais nos recherches suggèrent que passer moins de temps à l’écran est encore mieux. »

L’étude a aussi révélé que faire du sport offre une protection contre les effets négatifs d’une exposition trop longue aux écrans. Dans l’étude, les parents ont communiqué aux chercheurs la durée totale et quotidienne d’exposition aux écrans de leur enfant, tels que la télévision, les ordinateurs, les consoles vidéo, les smartphones et les tablettes. En moyenne, les enfants de trois ans passent une heure et demie devant les écrans par jour. Pour 42% de ces enfants le temps passé devant un écran était supérieur aux recommandations canadiennes pour cet âge qui est de moins d’une heure par jour.

À cinq ans, les enfants passent en moyenne 1,4 heure par jour devant un écran. La durée de visionnage par rapport aux recommandations est de moins de deux heures par jour. Ainsi, 13% des enfants de cinq ans sont au-dessus de cette recommandation. L’étude a également évalué le comportement et l’attention de ces jeunes enfants, en demandant aux parents de compléter un questionnaire spécifique, qui mesure des problèmes comme l’anxiété et la dépression, la réactivité émotionnelle, l’inattention, l’agressivité et les troubles du sommeil.

Selon Sukhpreet Tamana, première auteur de l’étude; cette étude apporte certaines réponses aux questions souvent posées : Quelle quantité d’écran est jugée excessive ? Les recommandtions sont-elles appropriées ? Enfin, limiter le temps passé devant un écran pendant les années préscolaires aurait-il des avantages pour le développement de l’enfant ? « Les deux grandes conclusions de cette étude sont que les enfants les plus exposés aux écrans à l’âge de trois ou cinq ans présentaient des problèmes de comportement et d’attention nettement plus importants à l’âge de 5 ans. De plus cette association aux écrans était plus importante que tout autre facteur de risque évalué, y compris le sommeil, le stress parental et les facteurs socio-économiques. »

Les chercheurs ont identifié des facteurs qui permettent de se protéger des effets négatifs des écrans, et il a été constaté que la participation à des sports organisés avait un impact extrêmement significatif. Et comme le souligne Mandhane, ce n’est pas l’activité en soi qui est protectrice, c’est le fait que celle-ci soit structurée. Ainsi, plus les enfants passent de temps en sports organisés, moins ils sont susceptibles de présenter des problèmes de comportement. Tamana a ajouté que les activités organisées préparent le terrain pour le développement de l’enfance et qu’au lieu de passer du temps sur un écran, il serait bénéfique que les parents augmentent les possibilités d’activités structurées.

L’étude n’a pas permis de déterminer si le contenu lui-même, qu’il s’agisse de contenus éducatifs, de jeux vidéo, de médias sociaux, ou d’écran – télévision, ordinateur, tablette – était un facteur prédictif de problèmes de comportement. Cela sera approfondi dans de futures recherches. Cependant, bien que les chercheurs suggèrent que « moins, c’est plus » lorsqu’il s’agit de passer du temps devant un écran chez les enfants d’âge préscolaire, ils ne suggèrent pas de l’éliminer complètement. Passer de zéro à 30 minutes par jour sur les écrans serait la quantité optimale. En effet, la période préscolaire est un moment idéal pour apprendre à entretenir des relations saines avec les écrans, et les données de cette étude ont montré qu’il ne faut pas commencer trop tôt.

La recherche a utilisé les données de l’étude de Cohortes CHILD, une collection nationale d’informations sur la santé, le mode de vie, la génétique et l’environnement de près de 3 500 enfants et de leurs familles, de la naissance à l’adolescence. Mandhane dirige le site d’Edmonton de la CHILD Cohort Study.

Références : Tamana SK, Ezeugwu V, Chikuma J, Lefebvre DL, Azad MB, Moraes TJ, et al. (2019) Screen-time is associated with inattention problems in preschoolers: Results from the CHILD birth cohort study. PLoS ONE 14(4): e0213995.